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  • Agonie | 20 juin 2009

    Jour après jour, le travail de 22 années de PMD s’efface. En quelques semaines, l’accumulation de travail et d’investissement personnel de la part de tant de salariés a laissé place à la désolation d’un atelier vidé de sa substance ou gît, ici ou là, les carcasses dépouillées de vieilles machines peu rentable, sortes de fossiles archéologiques d’un autre temps.

    D’un atelier vivant en 3x8, il reste un no man’s land, une sorte de zone morte que quelques fantômes traversent de temps à autres, presque sans bruit… Le sang s’en est allé.

    Ce que la Direction imaginait comme une saignée salutaire s’est transformée en hémorragie. Tous ceux qui avaient un pouvoir d’adaptation, une chance de survie à l’extérieur ont quitté le corps agonisant de ce site sans avenir. Ils sont partis vers d’autres cieux, avec l’espoir de lumières nouvelles, avec des projets. Ceux qui sont restés sont pour les plus nombreux, les moins adaptables, les moins téméraires, les moins rêveurs…

    Comment aurait-il pu en être autrement ?

    Dans la nature, depuis le commencement de l’univers, tout va du simple au complexe. Du quark à l’électron, de l’électron à l’atome, de l’atome à la molécule, de la molécule à la cellule, de la vie unicellulaire à l’organisme pluricellulaire jusqu'à l’homme. Il en va de même  du travail de l’Homme, du cueilleur chasseur à l’agriculteur, puis de l’artisanat à l’industrie.

    Cela s’appelle l’évolution. En cette année du bicentenaire de la naissance de Darwin, il est intéressant de remarquer que la Direction 3M a misé sur une valeur que la nature ignore et condamne : La régression.

    Comment imaginer un instant qu’un opérateur exécutant des taches variées et complexes accepte un poste d’emballage d’éponges aux mouvements répétitifs et basiques, reproductibles à l’infini du 2 janvier au 31 décembre ?

    On mesure là l’ignorance de la Direction sur le cœur même du métier de ses employés.

    La Direction ignore entièrement comment sont faites les choses. Du traitement de la commande à la fabrication en passant par l’expédition, la Direction ne s’intéresse qu’à deux choses :            

    1°) Combien ça me rapporte ?

    2°) Comment je peux gagner plus ?

    L’ablation du PMD comme organe soit disant malade sera-t-elle salutaire à cette entité qu’est 3M France ?

    C’est ignorer les racines du mal. La gangrène s’est installée, elle monte le long de la jambe. Le chirurgien fou vient de couper le pied, mais proclame encore que l’on est armé pour gagner le marathon de la grande course au capital. D’ici quelques temps, la maladie gagnera le mollet, puis la cuisse, et enfin, après des années d’agonie, le plus grand site industriel de 3M en Europe partira dans une mort certaine, emporté par une septicémie généralisée.

    Ce ne sont pas les salariés qui sont responsables.

    La symphonie jouée par 3M France était entrainante durant des décennies.

    Individuellement, chaque musicien a joué sa partition avec brio, mais les chefs d’orchestre d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Ceux qui prétendaient que les musiciens actuels n’étaient pas des experts se sont révélés de bien tristes chefs d’orchestre amateurs.

    Ceux qui connaissent le site de Beauchamp connaissent aussi ces zones de mort, ces no man’s land industriels. Il suffit d’aller à l’IGT voir le fossile de la F2, d’aller aux anciens abrasifs, à l’ancienne extrudeuse 1 ou aujourd’hui d’aller au PMD pour se convaincre que la désindustrialisation du site de Beauchamp à commencé depuis longtemps…

    Salariés de 3M, ne faites pas de projets d’avenir, vous avez la tête sur un billot…

    Ortog


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